L'ANTI KANYE WEST

MUSIQUE
Tout juste quatre albums pour Mos Def, rappeur US à la bouille de premier communiant… Oui, c’est surprenant, tant le mec semble enraciné depuis un bail dans la galaxie hip-hop et dans son imagerie populaire.
Il n’empêche, avec The Ecstatic, labellisé Downtown Records (les macros de Santogold ou Gnarls Barkley, pour situer), Monsieur Def n’en finit plus de prêcher pour sa paroisse. 
Un hip-hop respectable, inventif, intelligent, histoire de nous faire enfin gober qu’il y a une vie artistique au-delà des teufs dantesques avec poufs, jacuzzi et Hummers.

Car tout en cultivant une carrière parallèle au cinéma et à la télé, et ce avec bien plus de classe que nombre de ses collègues (il est, entre autre, la star de Be Kind Rewind, le dernier Michel Gondry), Dante Smith, de son vrai nom, revient de temps en temps à son métier originel et s’efforce de ne sombrer dans aucun des travers du rap dit « sophistiqué ».

Résultat : A force de chercher à échapper, d’un côté, au syndrome Kanye West (coupe mulet, voix synthétique et égo rose bobon) et de l’autre, au syndrome Abd Al Malik (humanisme gnian-gnian et musicalité proche de zéro) Mos Def se complique la tâche et par conséquent, gâche un peu notre plaisir… Et ce, même si évidemment, The Ecstatic boxe dans une catégorie de très loin supérieure à celle d’Akon ou des Black Eyed Peas. Mais ça, était-il vraiment nécessaire de le préciser ?
« The Ecstatic », de Mos Def, Downtown Records.
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GARE AU GAROU

CINEMA

Idées, trouvailles visuelles, moyens financiers... Le réalisateur Patrick Tatopoulos tenait entre ses mains (ou celles de ses producteurs ?) tous les ingredients nécéssaires pour faire de ce Underworld 3 un chef d’oeuvre du cinema fantastique. Une sorte d’Alien néo-gothique, trash et moyen-ageux, un requiem de terreur, une référence pour amateurs de créatures épouvantables et autres odyssées mythologiques.

Il aurait pu, c’était à sa portée, et pourtant… Tatopoulos a fait de ce soulevement des lycans un vulgaire Blade en transylvannie. Un film d’action axé sur la lutte fratricide et congénitale opposant Vampires et Loups-Garou. Un bon concept, mais rythmé comme un clip, glauque comme un couloir de metro, et au final, pas beaucoup plus effrayant qu’une production Pixar. Dommage, d’autant que Sigourney Weaver reste encore aujourd’hui désespérément seule sur son segment de marché.


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Underworld 3 – Le Soulevement des Lycans, de Patrick Tatopoulos. M6 Interaction)

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L'ETRANGE DISQUE DE MONSIEUR POP

MUSIQUE

Iggy Pop revient donc avec Préliminaires, album solo censé éloigner le vieil iguane de son punk fétiche. Un joli coup marketing, un détournement bien flairé et un patrimoine génétique sans anomalie ni malformation congénitale. Séquençage A.D.N. du beau bébé...

35% Stooges. Au test à l'aveugle, après quelques tâtonnements et quelques hésitations embarassées, on finit tout de même par le reconnaître, le petit bonhomme aux côtes saillantes. La classification musicale a peut-être bougé, les rides se font surement plus profondes, mais les vieux ectoplasmes de Stooges flottent encore quelque part dans le studio. Rien à faire : Quand bien même Iggy se mettrait à nous pondre du Marvin Gaye, l'époque dorée de Lust for life resterait indélébile ! Et ce, d'autant que Préliminaires serait un hommage à peine voilé à Ron Asheton, membre des Stooges décédé il y a peu.

30% Houellebecq.
Sans doute inopérante dans le reste du monde, en France, la carte Houellebecq a pourtant été jouée à fond. Iggy l'a dit, redit, re-redit. Il l'a clamé sur tous les plateaux télé et on a fini par le croire : Préliminaires a été inspiré par Michel Houellebecq, le best seller qui se rêvait en paria. On peine bien sûr à imaginer Iggy Pop en survet dévorant sagement La possibilité d'une île,
verres progressifs vissés sur le nez, affalé sur son canapé en tweed. Mais après tout, puisqu'il le dit... Les feuilles mortes "chantées" en français et la voix de Lucie Aimé sur Je sais que tu sais devraient suffire à nous convaincre.

20% Tom Waits
. Pas besoin de chercher bien loin le gène récessif de la voix rauque et envoûtante. Tabac, drogues, et hygiènes de vie déplorables permettent la plupart du temps d'échapper au syndrome Mistinguette, mais suffisent rarement pour valider la parentée musicale avec Tom Waits. Non, dans le cas d'Iggy Pop, les rythmes lents et métalliques tout comme les mélodies plus jazz que rock incitent clairement à la comparaison.

15% Marketing pur.
Ce revirement artistique est aussi, à n'en pas douter, un revirement commercial. A 62 ans, Mister Pop semblait figé (tant physiquement que musicalement) dans une mythologie punk pantouflarde. Et de son propre aveu, Iggy en avait ras le bol "des guitares qui hurlent sur des trucs débiles". Et, ça tombe bien. Cette même mythologie punk semble être entrée dans un cycle d'essoufflement que Préliminaires tente de contourner. Plus androgyne, plus doux, plus élégant, plus facile d'accès, l'album décevra moins les réac du "popisme" originel qu'il ne se fera d'amis dans la bobosphère musicale.


(Préliminaires, Iggy Pop, Virgin/EMI)
Photo D.R.
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