FRINGE : NOUVEAU X-FILES ?

TELEVISION

TF1 diffuse mercredi soir l'épisode n°2 de la série Fringe. L'occasion de découvrir la dernière créature de J.J. Abrams, réalisateur-producteur mégalo qui, cette fois-ci, s'est attaqué en toute modestie aux mythiques X-Files.

Son succès lui permet donc tous les blasphèmes. Grâce, notamment, à Cloverfield, sublime film de vacances New-Yorkais à mi-chemin entre le Projet Blair Witch et Godzilla. Grâce aussi à sa série Lost, bordel balnéaire scénarisé au jour le jour par une bande de gamins attardés qui semblaient jouer le sort de leurs personnages à pierre-feuille-ciseau ou à la courte paille. Grâce enfin à son sens aigu du teasing et de la gestion médiatique, voilà J.J. Abrams, petit prodige de l'advertainment et de la promo virale, propulsé au rang d'intouchable du grand barnum hollywoodien.

Et il lui en fallait du talent, de l'amour propre, des capitaux et de l'inconscience pour chercher à se farcir l'agent Mulder, l'agent Scully et leur créateur (autre belle parabole divine) Chris Carter... Car, certes, Fringe n'est à priori rien de plus qu'un X-Files relooké à la sauce 21ème siècle (mais, non, aucun plagiat... Tout de suite les grands mots...). Il convient plutôt d'appeler ça un hommage! Abrams est un geek assumé, un mordu de pop-culture, dont chacune des influences un peu trop voyantes ne sont plus depuis longtemps considérées comme du pompage, mais comme des clins d'oeil, ce qui, avouons-le, semble tout de suite moins condamnable.

"Séance de rattrapage"

Mettons-nous donc d'accord d'emblée, Fringe est une "création originale", avec tout ce que cela implique de noblesse et d'imagination. Pour commencer, rappelons qu'en anglais, le mot "Fringe" peut se traduire par "frontières", au sens scientifique et intellectuel du terme. Frontières de la pensée, frontières de l'imaginaire, frontières de la vérité, aux frontières du réel... Non, toujours aucun rapport avec un certaine série susmentionnée...

Séance de rattrapage : Olivia Dunham, jolie blonde et agent du FBI passionée, se retrouve ce soir-là confrontée à un phénomène aussi répugnant qu'inexplicable. Un vol international en provenance d'Hambourg atterrit miraculeusement sur le tarmac de Boston, avec à son bord un équipage et des passagers mystérieusement réduits en bouillie par une terrible infection bactériologique. Lorsqu'au cours de l'enquête, son partenaire et amant est grièvement blessé, Dunham trouve une aide inattendue auprès de Walter Bishop, savant fou à l'ancienne, brillant et désaxé, et de son fils, Peter Bishop, tout aussi brillant mais beaucoup moins barré que son père. Une aide précieuse qui la conduira tout droit sur les traces d'une machination d'une ampleur encore insoupçonnée (tiens, tiens...).

"... Scepticisme, voire méfiance"

Ceci étant dit, il convient maintenant de remiser au placard la hargne et de rentrer les crocs bien aiguisés du fanatique de Mulder, Scully, et de l'homme à la cigarette, qui voit s'avancer avec lourdeur J.J. Abrams, l'hérétique, et sa floppée de blasphèmes aux lois les plus élémentaires de la série fantastique...

Car Fringe... C'est vachement bien ! Certes, les invraisemblances de Lost, ces frigos bourrés de bouffe qui tombaient à point nommés, ces barbes qui ne poussaient pas, ces infrastructres sortis du néant sur une île aussi déserte que la rue de Rivoli un samedi après-midi, ainsi que tous ces rebondissements à peu près aussi plausibles que s'ils avaient été écrits par un simulateur de chaos... tout cela hérissait au plus au point l'amateur de fictions étudiées un minimum. Ce qui fait que cette première expérience Abramsienne avait de quoi alimenter scepticisme, voire méfiance.

"Précise, pointue, affutée, la nouvelle machine de guerre entraîne tout sur son passage..."

Or, toujours est-il que Fringe est une très bonne surprise. Pour cette série, TF1 avait sorti l'artillerie lourde et, à posteriori, on les comprend. Précise, pointue, affutée, la nouvelle machine de guerre entraîne presque tout sur son passage. L'accroche est immédiate, le scénario peaufiné au millimètre, l'intrigue à tiroir ou les trouvailles visuelles anéantissent très vite les à priori négatifs. Aucun mysticisme, le paranormal n'est issu, ici, que de facteurs purement humains. La science et la médecine en trame de fond, là encore, J.J. Abrams n'est pas passé à côté d'un autre phénomène commercial, Docteur House. Grand mix auquel s'ajoute un dernier ingrédient, FBI, portés disparus, et ses décors très "Massachussets", bétonnés et pluvieux, qui nous éloignent encore un peu plus des forêts angoissantes et des patelins inquiétants qui jalonnèrent les 10 saisons de X-Files.

Alors, pour faire simple, on regrettera inévitablement l'absence totale d'humour, le charisme de gastéropode de l'agent Olivia Dunham, ou encore cette obsession pénible et récurrente pour les méchantes multinationales et autres conspirations fédérales... Mais de ces quelques réserves, ne reste rien de bien rédhibitoire. Car "sacré non d'un David Duchovny", Fringe, c'est quand même autre chose que Grey's Anatomy !

(Fringe, saison 1. Le mercredi soir à 23 h 10, sur TF1)
Photo : Affiche Fringe. Fox D.R.

5 commentaires:

thomasfromnancy a dit…

J'ai testé et j'adhère, même si c'est vrai que ça manque franchement d'humour. Et que la VF est affreuse.

Unknown a dit…

J'ai pas encore testé, mais ton article me donne envie de m'y plonger !! Je raterai pas le prochaine diffusion ..

Benjamin Heil (Lunar Park) a dit…

Je n'ai pas été obligé d'attendre que TF1 la diffuse pour voir la série. J'ai une bonne adresse, que je ne suis officiellement pas autorisé à communiquer... sauf sur demande ;-)

benoit a dit…

série décevante.
Après un pilot vraiment alléchant, les épisodes suivants sont d'une banalité sans nom avec des personnages sans relief et un scénario peu passionnant, bref, on est loin de l'originalité de Lost.

Anonyme a dit…

Honnetement, c'est tout aussi bidon que les Experts. Loin, mais vraiment très loin, de Lost.